L'appel
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Il y a de ces anniversaires dont on ne sait que faire. Tristesse et élan volontaire s'y mêlent, larmes et sourires se nourrissant l'un l'autre.
Encore une fois, l'émotion m'est tombé dessus en vil traitre, me saisissant à la gorge en plein remplissage de bouilloire. Ou comment l'esprit d'escalier conduit insidieusement dans un vortex (pour reprendre l'expression de Joan Didion dans L'Année de la pensée magique).
Je te narre l'affaire.
Dialogue intérieur (ça m'arrive trèèèès souvent).
- Tiens, mardi prochain, c'est le 21 juin. C'est la Fête de la Musique.
- Ah oui, chic, prof préféré a promis un méga cours de BodyJam.
- Mais dis donc, c'était aussi la Fête de la Musique quand tu es arrivée à Paris.
- Il faisait chaud, tu te souviens ? Je sous-louais sous les toits.
- Ce n'était pas réellement ton 1er jour parisien, non ?
- C'est vrai, j'étais déjà là depuis 2-3 jours. Quand exactement ?
- Le 18 juin, comme l'appel... Il y a 1 ans, il y a des siècles, il y a une éternité (oups, réminiscence de Joe D. qui passait par là).
- Je me sentais si seule derrière ma fenêtre à écouter la musique qui montait de la rue.
- Très seule.
- Et ce n'était que le début...
Allez, revoilà les larmes qui pointent le bout de leur nez. Ah non les filles, va falloir apprendre à rester pudiques, pas dans les toilettes du boulot on a dit !
Justement, le lieu a sans doute son importance. Il est fort probable que je ne sois pas si madeleine que ça (ouf). Mais comment rester de marbre quand tu vois ta tête, un vendredi midi (soit avec 5 jours ouvrés, 1 concert et 1 soirée derrière les fourneaux au compteur), dans le miroir peu reluisant de toilettes grisâtres.
Sous les néons, point de salut pour les yeux fourbus !
Oh, au bas mot, je dirais qu'une simple œillade furtive aura suffit à me faire prendre 15 ans. Et là, là, y'a de quoi pleurer, non ?
Ni une, ni deux, je saisis le CE. M'est avis que ma productivité est nettement altérée par cette épreuve bien trop régulière du miroir déformant. Entre les pauses "techniques", les approvisionnement en eau et les retouches, les minutes s'additionnent et impactent mon rendement. Je réclame des ampoules "bonnes mines", afin que mes pauvres WC post-soviétiques se transforment en cabine d'essayage.
Précision essentielle : en cabine d'essayage de BON magasin, de celui qui pense au moral de sa cliente et trafique les spots de manière à légèrement bronzer sa peau. Bizarrement, tout paraît moche (et gros) quand ta peau oscille entre le blanc aspirine et le gris poussiéreux.
Une conclusion analogue s'est malheureusement imposée à moi quand j'ai voulu photographier le dessert du jour. De petites crèmes au chocolat agrémentées de confiture à la rhubarbe.
Marron + vert triste = beurk.
Mais qu'est-ce que je peux bien faire avec ça ??? A part photoshoper totalement les couleurs, je vois pas.
Et pourtant... si l'œil est sceptique, les papilles en réclament une double dose.
Alors, crois-moi sur parole, c'est moche, mais bon !
Crèmes au chocolat et confiture rhubarbe-cardamome
Pour deux personnes
140 g de tofu soyeux (j'utilise le Soft de Morinaga, la texture et le goût sont parfaits)
100 g de chocolat noir à 70% de cacao
1 filet de sirop d'agave
4 cs de confiture rhubarbe-cardamome (la recette de Virginie est succulente)
Faire fondre le chocolat.
Déposer le tofu soyeux dans le bol d'un mixeur. Ajouter le chocolat fondu et mixer pendant 2-3 minutes en plusieurs fois. Le tofu ne doit plus être visible et la texture bien crémeuse. Ajouter le sirop d'agave et mixer une dernière fois.
Remplir 2 verres avec la crème et réserver au frais.
Dans une casserole, faire chauffer la confiture (sans la brûler) de façon à ce qu'elle se liquéfie. Répartir sur les crèmes. Et garder au réfrigérateur au moins une bonne heure avant dégustation.
C'est encore meilleur après plusieurs heures d'attente. Surtout, ne pas hésiter à varier les goûts et couleurs à l'infini, au gré des pots de confiture rangés dans le placard.
Artiste et son modèle se regardant en chiens de faïence...
Ou quand un appareil peu inspiré et une crème inexpressive se rencontrent
13 commentaires
Pour ta recette, quand on lit la liste des ingrédients, on comprend vite que ça ne peut pas être moins que délicieux!
RépondreSupprimerQuand à cette date anniversaire (tu les enchaines les anniversaires dis donc!), que de changements, d'évolution, d'aventures en un an j'en suis sûre! A quand le récit d'un an de Tombouctou dans la capitale française?
Ton post m'a fait réaliser que je suis rentrée en France depuis presque un an et demi déjà... oulala!
Moche mais bon, ça me rappelle un certain concours :-D Moi ça fait 12 ans et j'ai toujours du mal avec la grisaille...
RépondreSupprimerMieux vaut moche et bon que le contraire.. m'enfin 'm'a l'air tout de meme pas si moche!
RépondreSupprimerbon anniversaire pour cette année de grisaille
Mlle Pigut : il faut que j'avoue quelque chose, cela ne fait pas un an que je suis sur Paris, mais un peu plus longtemps. Mais Joe, il avait pas prévu autre chose que 1 an, donc je l'ai suivi. Ce fût énamoins une arrivée mouvementée. Que je raconterai. Un jour...
RépondreSupprimerRose : c'est vrai ! :)))
Faudrait remettre ça, je maîtrise de mieux en mieux. ^^
BWak : même LeRat™ a aimé, alors que ni la chocolat ni le tofu ne sont son fort. Dingue !
Comme toi, il faudrait que je le saisisse sur le fait pour être encore plus convaincante. :)
Ca a l'air très bon, surtout la première photo!
RépondreSupprimerJ'espere que cette année tu profiteras mieux de la fête de la musique, il y a pleins de choses à voir et à entendre sur Paris!
Les dates anniversaires, celles qui embarquent, celles qui laissent s'échouer aussi, celles qui ambitionnent, celles qui auditionnent pour un autre avenir...
RépondreSupprimerEn même temps, je remets un coup de cuillère à pot dans ton dessert et vais de ce pas cacher tous les miroirs de la maison...
SI tu veux tu peux venir en week-end à la maison pour un peu de soleil...
Gen : une Fête de la musique réussie, ça se joue toujours un peu à pile ou face. Suivant le temps, suivant le monde, suivant les rencontres au détour d'une rue... je vais faire de mon mieux. ;)
RépondreSupprimerLune : oh, merci pour l'invitation !!! J'ai un planning très chargé pour les semaines qui viennent mais je garde ta très gentille invitation en tête. :)
Allez! Tes crèmes me semblent délectables. J'aime beaucoup l'étonnante association chocolat-rhubarbe. Très original. Je viens aussi d'avoir mon anniversaire. Et bizarrement, cette année, j'ai mentalement repassé, pour la première fois, le modeste film de ma vie... C'est sans doute l'approche de la quarantaine... ;-)
RépondreSupprimerUn délicieux mélange de saveur...
RépondreSupprimerCitron : tout le mérite de la recette revient à Virginie et à sa délicieuse confiture. La cardamome réveille le tout et c'est finalement très frais.
RépondreSupprimerGaëlle : les mélanges, c'est magique ! Même les non-fans de chocolat apprécie ce dessert, c'est dire. ^^
Réminiscence des souvenirs... Allez, reprends une cuillère de crème moche mais bonne...
RépondreSupprimerOhhh moi je fonds pour la confiture de rhubarbe cardamome.. bon, et associée à du chocolat, euh, comment te dire... MIAM !
RépondreSupprimerLaurent : les souvenirs donnent très souvent envie de cuisiner, les saveurs réveillent à leur tour la mémoire... un bon cercle vertueux finalement, non ? :)
RépondreSupprimerThom : je me répète mais, oui, cette confiture est un délice. A manger directement dans le pot, à la petite cuillère. ^^